[Candidature acceptée] Dogramagul

[Dogramagul]

Treize ans... Treize longues années qu'il n'avait pas arpenté ces routes décrépites. Et pourtant, le visage des Maleterres de l'Est restait le même. La corruption était toujours profondément ancrée dans les terres, et bien que la croisade d'Argent continua son oeuvre salvatrice, le lourd nuage de spores et de cendres qui s'élevait au nord soulignait l'ampleur de la tâche qu'il leur restait à accomplir.

Toutefois, le fait qu'une caravane relia désormais les tours de la croisade, phares de la lumière guérisseuse en ces contrées souillées, lui indiquait que le changement était en marche. La caravane marqua une halte, et la voix du cocher lui indiqua qu'ils étaient arrivés à destination: la Tour du Bouclier de la Lumière

-Merci mon brave, voila pour vous.

Une poignée de pièces métalliques de diverses couleurs et provenances emplit les mains du conducteur, et son client quitta son service. S'assurant que ses ouvrages étaient bien arrimés à son barda, il prit à pied la route vers la Chapelle de l'Espoir de la Lumière, et quittant cette dernière avant le petit pont, il bifurqua à travers champs vers le Sud. La croisée de Corin était toujours à éviter, et les quelques créatures affligées errant dans les terres étaient des rencontres préférables à la traversée d'un village encore en proie au Fléau.

Une nouvelle route se dessina devant lui, et il la prit en direction de l'Est, vers les hautes murailles de pierre qui marquaient l'accès à sa destination finale. Époussetant ses robes, il abaissa sa capuche, plaça une main sur sa gorge, et héla les soldats en faction.

-HOLA! DU BEFFROI! UN VOYAGEUR VOUS DEMANDE ASILE ET AUDIENCE! LUI FEREZ-VOUS BON ACCUEIL?

Et, seul sur cette route, il attendit une réponse.

[La Vigie]

La réponse ne se fit pas attendre. Deux têtes émergèrent de dessus les créneaux, qui conversèrent un instant - peut-être pour choisir qui se chargerait de parler - avant qu'une voix qui se voulait martiale résonne dans l'air putride des Maleterres.

Hola voyageur ! Avant de vous autoriser à entrer, il nous faut votre nom et la raison de votre venue. Et vous devrez laisser vos armes à l'entrée. Cela vous convient-il ?

Il y avait un côté absurdement réconfortant à constater que, même dans un lieu aussi meurtri et éloigné de la civilisation, les règles tatillonnes de l'administration continuaient à s'appliquer.

[Dogramagul]

Habitué au déroulements de tels pourparlers, le voyageur maintint sa main au niveau de la gorge, et poursuivit sur un ton plus enthousiaste, bien que formel

-L'on me connait sous le patronyme de Dogramagul, et la rumeur colporte qu'en vos murs, un espoir subsisterait quant au rétablissement de notre chère et meurtrie Lordaeron. Cette cause fut mienne pendant de nombreuses années, et au vu des événements..."récents", le temps est venu pour moi de raviver les braises du devoir.

Le voyageur se défit de son sac de voyage, et détacha de lourds tomes entourés de lanières de cuir, ainsi qu'une longue spire enveloppée dans une toile de lin

-Quand à mes armes, les voici. Je m'en remets à vous.

Il déposa sa cargaison à terre et recula de cinq pas, comme le voulait l'usage diplomatique

[La Vigie]

Il y eut un silence, qui correspondait sans doute au temps nécessaire pour activer les rouages subtils de la hiérarchie.

Puis, un grincement s'éleva dans l'air, si profond qu'il devait sans doute s'entendre jusqu'à la Croisée de Corin. Les lourdes portes du Beffroi du Nord s'ouvraient.

Trois soldats en livrée pourpre et or s'approchèrent du voyageur, armes à la main. Pour autant, ils ne manifestaient aucune animosité ou agressivité : simplement, l'habitude les poussait à se méfier de tout ce qui pourrait avoir la tentation d'entrer pendant qu'ils accueillaient l'inconnu. L'un d'eux, le plus jeune, récupéra les objets mis à terre, qu'il entreposa respectueusement dans un panier, tandis que ses deux aînés entourèrent le dénommé Dogramagul.

Nous vous rendrons vos effets à votre départ. D'ici là, veuillez presser le pas : on ne sait jamais ce qui rôde, par ici.

Les quatre hommes rentrèrent dans l'enceinte du Beffroi, tandis que les portes se refermaient déjà. A l'intérieur, des soldats, des ouvriers et du personnel logistique : une vraie plate-forme militaire.

Quelqu'un de plus gradé va venir vous chercher pour procéder à votre entretien. Vous voulez peut-être un verre d'eau, en attendant ?

[Daïne]

Au milieu de toutes ces personnes affairées à leurs tâches, les 4 hommes purent remarquer une silhouette petite et trapue posée sur le muret de la cour devant la garnison.

Tandis que le groupe traversa la cours, la silhouette paru plus identifiable. Elle était d'autant plus trapue qu'elle portait une armure massive et pesante. A l'approche du groupe, la naine, les cheveux blancs, le visage marqué par les rides, une chope en métal cabossée à la main, se leva et se dirigea vers les hommes.

Après avoir bu une gorgée, elle s’adressa d'un ton las au nouveau venu.
Ola mon ami, qu'est-ce qu' vous faites ici ? Qui vous v'nez voir ?

[Dogramagul]

Au moment où il franchit les lourdes portes de la muraille, le voyageur ne put s'empêcher de ralentir un peu le pas, contemplant le spectacle qui s'offrait à lui. Cela lui rappelait presque les rues en construction de Stratholme, avant la Purge... Il finit par se reprendre et suivit son escorte, qui entreprit de l'installer sommairement, mais avec une hospitalité fort appréciée.

-Vous êtes bien urbains, je n'aurai rien contre de quoi me désaltérer, en effet.

Son regard se porta de nouveau sur les bâtiments alentours, et son ton se fit plus chaleureux.

... C'est du beau travail que vous abattez là. Merci pour ce que vous faites.

Puis une voix se fit entendre, et sa tonalité caractéristique fit sourire le nouveau-venu, qui porta son regard vers sa provenance. La vision de cette vénérable naine détonnait avec l'ambiance industrieuse du lieu, mais ce n'était pas pour lui déplaire, au contraire. Il répondit à sa question dans un Nanique rompu à l'usage

-Que la grâce des Façonneurs vous accompagne, Dame Naine. Ma présence en ces lieux a pour but d'estimer le travail qu'il me faudra fournir si je souhaite reforger mon sens du Devoir.

Il appuya ses paroles en inclinant respectueusement la tête, et porta une main à son coeur.

[Daïne]

La surprise de voir un humain s'adresser à elle en Nanique lui fit presque oublier la fatigué de la nuit passé.
Elle changea sa chope de main et se courba portant la main au coeur.
Que la grâce des façonneurs vous accompagne, Maitre.
App'lez moi Daïne

Elle bu une gorgée de bière et reprit
C'est un sacré programme ....

Elle soupira, puis regarda un des soldats accompagnant le nouveau venu
Vous pouvez aller chercher un officier, soldat ?

Elle se retourna vers l'étranger
Vous voulez p't être une bière, en attendant ?

Elle montra l'entrée de la garnison à l'homme, l'invitant à l'accompagner.

[Dogramagul]

L'invitation spontanée fut une surprise des plus bienvenues, mais le voyageur pris en considération les gardes alentours.

-Oh, je n'oserai abuser davantage, l'on m'a déjà proposé un rafraichissement...

Puis il se permit une ultime remarque.

-...Quoique, si vous aviez par le plus grand des hasards un fond de Sombrelune qui traine dans un godet, je n'aurais vraiment rien contre!

Et il emboita machinalement le pas à la naine, avant de se retourner, interrogeant la garde pour être sûr qu'il ne commettrait pas d'impair au niveau de la chaine de commandement.

-Est-ce que cela pose un problème?

[Daïne]

Le soldat sourit au voyageur montrant le même chemin que la naine.
Aucun ! Je vous accompagne aussi.

La naine sans se retourner répondit elle aussi à l'homme.
C'est heureux qu'vous en parliez. J'en avais un tonneau pas plus tard qu'hier.... grognant à voix basse et elle finit sa bière avant d'attacher sa chope à sa ceinture.

Il doit être dans l'cellier maintenant, j'vais essayer d'vous trouver ça.
Vous m'avez dit qu'vous vous appelez comment ?

Arrivant devant la salle de réception, elle invita l'homme à s'installer.

[Dogramagul]

Le voyageur chemina dès lors en compagnie du garde et de la vénérable, et la pression initiale de l'accueil en ces murs se relâcha alors qu'il s'assit.

-Ma foi, je ne m'attendais guère à un accueil en si bonne et due forme! Vous avez mes plus sincères remerciements.

Il étendit ses jambes sous la table, l'étirement lui arrachant un soupir de contentement. Puis il repris une posture un peu plus digne.

-Khaz'Goroth tout puissant, que ça fait du bien... Veuillez m'excuser, Dame Daïne. Dogramagul est le nom que l'on me donne, et celui auquel je réponds. J'espère simplement qu'il n'offusquera pas certaines personnes en ces lieux...

Après avoir prononcé ces mots, son regard descendit de façon blasée vers la table à laquelle ils se trouvaient.

-Je suppose que l'Ost a accueilli en son sein des Draeneis?

[Daïne]

La question surpris la naine qui ne cacha rien de son désarroi.
Des Draeneis ? Pourquoi c'te question ?

[Dogramagul]

Le voyageur se gratta le crâne, visiblement embarrassé

-Voyez-vous... lorsque l'un des nôtres devient un potentat en pleine maitrise de ses pouvoirs, il est de coutume qu'il prenne un nouveau nom, laissant ainsi son ancienne vie derrière lui. Généralement, ces nouveaux noms ont une symbolique chère à l'emprunteur, et en ce qui concerne le mien... Disons que c'est un figue de style sargereï qui fait référence au savoir, le désignant comme étant " la source de tous les maux"

Il attendit les réactions habituelles face à cette révélation, affichant un sourire gêné.

-Vous comprendrez ainsi mon soudain malaise, et cette étrange question...

[Daïne]

A priori soulagée, la naine se tourna vers le soldat
Vous pourriez aller chercher l' tonnelet de Sombrelune ?

Puis, détachant sa chope de sa ceinture, elle demanda
Quand vous parlez des vôtres, vous parlez des humains ?

[Dogramagul]

Il laissa échapper à son tour un soupir de soulagement, suivi d'un léger rire

-A dire vrai, quand je parle des miens, je fais référence à tous ceux qui, comme moi, ont du pactiser de gré ou de force avec certaines entités afin d'assurer leur survie...

Il marqua un temps à la suite de ces paroles, s'attendant à une nouvelle réaction.

[Daïne]

Ah ... , se décomposant en réalisant, Oh !?!

Puis reprenant sa contenance

Mais ça vous arrive souvent ? Vous avez besoin d'aide ?
Continuant à voix basses en regardant sous la table, Ils sont avec vous ?