S'il y avait bien un endroit qu'Esther affectionnait particulièrement, c'était les Maleterres. Pourquoi fichtre donc me direz-vous? Eh bien malgré l'aspect ravagé actuel, cette région restait son chez-elle. Elle était encore enfant lorsqu'avec sa famille elle fuit Stratholme, peu avant l'épuration. Et ses souvenirs de jeux dans les vertes forêts de Lordaeron restaient intacts.
Ses parents, boulangers de leur état, tenaient un commerce en ville. Son père desservait également la campagne alentour muni de sa cariole. Esther adorait l'accompagner dans sa tournée. Elle connaissait grâce à cela les alentours comme sa poche. Mais ses activités favorites restaient les parties de cache-cache et la construction de cabanes dans les bois.
Ses amis d'enfance ne sont plus. Les bois à proprement parler non plus d'ailleurs. Aujourd'hui ce sont des Maleterres desséchées et étouffantes qu'elle traversait. Le cœur gonflé de nostalgie, Esther faisait quelques détours ça et là pour revoir des endroits connus aujourd'hui défigurés. Là haut au-dessus d'elle, son corbeau blanc volait en cercles dans un ciel orangeâtre écœurant. Elle enfouit un peu plus son visage sous sa capuche, ajusta sa cape sur ses épaules, les températures étaient pourtant douces cet automne, mais elle était parcourue de frissons.
Esther affectionnait particulièrement les Maleterres, mais l'inhospitalité des lieux ne manquait jamais de la heurter. Comment en était-on arrivés là?
Des gargouillis de goules décérébrées lui parvinrent sur sa droite, et déjà son corbeau fonçait la rejoindre. Esther fit halte et épaula son arbalète, prête à dégommer les têtes creuses des intruses. Celles-ci, au nombre de trois, sortirent des fourrés secs tout près. Il ne fallut pas longtemps à la chasseresse et son compagnon à plumes pour se débarrasser de ces choses. Puis ils reprirent leur route.
Où allaient-ils en ces terres désolées me direz-vous? Eh bien l'humaine souhaitait atteindre le Beffroi du Nord, où, lui avait-on dit, une organisation travaillait à reconquérir la région depuis la chute de Fossoyeuse. Esther n'en connaissait que le nom : l'Ost Pourpre, et les quelques rumeurs qu'elle pu glaner ça et là au détour de conversations. C'est donc très intriguée qu'elle venait faire connaissance avec un groupe dont elle savait peu de choses, mais dont le dessein lui mettait du baume au cœur. Si une reconquête des terres du Nord est aujourd'hui possible, alors elle voulait y participer aussi.
Après de longues heures de trajet, les hauts remparts du Beffroi s'offrirent enfin à sa vue. C'est une Esther fatiguée mais soulagée qui se présenta à la grande porte. Elle descendit de cheval, retira sa capuche et huma l'air. Une odeur de cuisine parvenait jusqu'ici, lui chatouillant les narines. Elle flatta l'encolure de sa monture, son corbeau vint se percher sur la selle. Elle épousseta sa tunique de cuir, espérant être suffisamment présentable. Sa tenue était sobre, de cuir et de maille, rien de tape à l’œil. Elle accrocha son arbalète à son paquetage, remis ses cheveux tressés en place, tapota ses joues. Sa peau brune était marquée par la fatigue, on voyait qu'elle avait fait long voyage, mais ses yeux marrons était vifs et elle regardait partout alentours.
Elle s'adressa aux sentinelles d'une voix forte pour être entendue malgré le vent.
"Ohé du Beffroi! Je me nomme Esther Pareiro, je viens rencontrer l'Ost Pourpre!"
Elle sourit quand elle perçut du mouvement du côtés des gardes, enfin elle était parvenue au bout de la première étape. La suite promettait d'être intéressante pour la chasseresse.